L’église Saint-Martin de Wimy est pour nous une église particulière, car elle est la première des églises fortifiées de Thiérache que nous avons visitées. Mais c’est aussi l’une des églises fortifiées les plus particulières de la région : le donjon, haut d’une vingtaine de mètres, est l’un des plus grands, et les deux tours qui le flanquent – emblèmes de Saint-Martin – sont particulièrement impressionnantes. Avec un diamètre de 5 mètres à hauteur d’homme et de 3,50 à l’intérieur, elles sont véritablement gigantesques.

A l’origine, Saint-Martin n’était qu’une église romane « normale », jusqu’à ce qu’elle soit fortifiée de mai 1578 à octobre 1585 par un « Meunier Georges, Albert ». On le sait si précisément dans ce cas, car le nom et les dates sont gravés sur une pierre dans la tour sud.

Alors que la nef et le chœur sont en grès, les fortifications ont été construites en briques rouges, typiques de la région. C’est pourquoi Saint-Martin est surnommé « le fort rouge ».

La nef et le chœur ne présentent que peu d’intérêt architectural, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, mais les fortifications sont d’autant plus impressionnantes. D’ailleurs, le portail principal – qui n’a été reconstruit de façon « moderne » qu’en 1872 et qui n’embellit pas forcément l’église – est fermé, on entre dans l’église par une petite porte dans le mur nord-ouest de la nef.

Ce qui est bien dommage : les tours et le donjon ne sont pas accessibles au public. Cependant, une information est accrochée à un pilier de la nef, sur laquelle on peut voir des photos des fortifications, ce qui permet au moins de s’en faire une bonne idée.

Dans le hall d’entrée proprement dit du donjon, on trouve encore au rez-de-chaussée deux cheminées sur les murs nord et sud. Elles aussi sont censées être les plus grandes de la Thiérache. C’est de là que partent les deux entrées dans les tours annexes.

Dans la tour sud se trouve l’escalier qui mène à l’étage supérieur du donjon. Celui-ci servait de salle de refuge et, avec ses 8 mètres de côté, c’est aussi l’une des plus grandes de la région. La pièce abrite toujours un ancien four et deux cavités dont l’utilité n’est pas claire. Certains planchers intermédiaires ont disparu.

Dans la tour nord, on peut encore voir – séparé par une vitre – l’ancien puits qui servait à l’approvisionnement en cas de siège, ainsi que l’ancien mécanisme de l’horloge de la tour, qui était encore en service jusqu’en 1964.

Les deux tours sont parsemées de meurtrières, ce qui souligne encore aujourd’hui le caractère défensif de l’installation.