L’église de Saint-Corneille et Saint-Cyprien présente une particularité unique pour les églises fortifiées de Thiérache : le donjon ne sert ici que de défense passive, contrairement à celui de Prisces, dont il est le presque frère jumeau et qu’il a d’ailleurs inspiré, tout comme les donjons de Burelles et Rogny. Ici, pas de bretèche, pas de mâchicoulis, ni même de meurtrières, mais seulement de hauts murs de briques.

Mais ce n’est pas le seul fait qui rend l’église digne d’être vue – même si elle est malheureusement fermée (une clé est toutefois probablement disponible « exceptionnellement » sur place, voir le lien vers la page touristique ci-dessus).

Une première église a déjà été construite ici entre 1160 et 1180 ; il en reste le chœur – un rare témoignage du gothique primitif dans la région – et la nef en pierre blanche. Le bas-côté d’origine a été détruit ; son existence est visible sur le côté nord de la nef grâce à trois arcades ogivales en briques, aujourd’hui murées.

Saint-Corneille et Saint-Cyprien a été fortifiés en 1619 ; l’année est gravée sur la clé de voûte du porche. A côté de la porte, sur le mur, sont gravées les armoiries de René du Bec et Isabeau de Coucy, les seigneurs de Vervins qui ont financé la construction du donjon.

Le donjon et sa tour d’escalier mesurent tous deux 16 mètres de haut et sont entièrement construits en briques. Des décorations ornent les murs extérieurs des deux bâtiments : une croix, quatre losanges et quatre cœurs sont sculptés dans les murs avec des briques émaillées.

La tour d’escalier menait à la salle d’évacuation à l’étage supérieur. Une astuce architecturale faisait que celui-ci devenait de plus en plus grand au fur et à mesure que l’on s’élevait, car l’épaisseur des murs se rétrécissait vers le haut. Malheureusement, cet étage et l’escalier n’existent plus aujourd’hui.