L’église Saint-Nicolas d’Englancourt présente une particularité qu’elle ne partage qu’avec ses voisines de Lavaqueresse, Malzy et Esquéhéries : Son immense donjon fortifié, haut de 26 mètres, ne se trouve pas au-dessus de la porte d’entrée ouest, mais a été construit à l’est, au-dessus du chœur, de sorte qu’il constitue à la fois la forteresse défensive et le chevet de l’église.

Saint-Nicolas est sans aucun doute l’une des plus belles églises fortifiées de Thiérache, tant par sa situation que par son aspect extérieur et sa décoration intérieure. Elle surplombe la vallée de l’Oise et offre une belle vue sur l’église fortifiée de Saint-Algis, de l’autre côté de la vallée.

L’église d’origine a été construite au 14ème siècle ; cette partie est encore reconnaissable aujourd’hui par la partie non construite en briques, à savoir les épais murs de grès et les contreforts des façades nord et sud. La fortification a ensuite eu lieu presque trois siècles plus tard, à partir de 1580, quelques décennies avant la construction des deux tours de guet de la façade ouest au début du XVIe siècle. D’autres transformations ont eu lieu vers 1680, comme en témoignent les contrats passés avec des artisans locaux, mais à cette date, Saint-Nicolas avait pour l’essentiel trouvé son aspect définitif.

L’église a une autre particularité, si frappante qu’on ne la remarque même pas : elle n’a pas de clocher. Au lieu de cela, ses constructeurs n’ont pas lésiné sur la taille des tours d’angle du donjon, qui sont occupées par cinq étages. Une grande salle de refuge (50 mètres carrés !) se trouve sur l’un de ces niveaux, accessible uniquement par un escalier étroit construit dans l’épaisse muraille derrière l’autel.

La fonction défensive de Saint-Nicolas est confirmée par la présence d’une cinquantaine de meurtrières à hauteur d’homme dans les tours et les murs de la nef. Mais sa hauteur, sa situation au sommet d’une colline et au-dessus du village montrent aussi clairement qu’elle avait une fonction de surveillance.

Telle une sentinelle au-dessus de la vallée de l’Oise, l’église d’Englancourt pouvait voir le danger venir de loin. Ce fut sans doute le cas ce jour de 1650, lorsque les Espagnols attaquèrent le château de La Plesnoye tout proche, où résidait le seigneur local Charles de la Fons. Son épouse, Reine de Bongard, a son épitaphe sur une dalle extérieure de l’église.

La principale curiosité de l’intérieur, que nous trouvons particulièrement beau en raison notamment de ses murs en pierres naturelles en partie non crépies, est pour beaucoup de visiteurs une statue discrète de la Vierge Marie : en 1955, elle aurait fait un clin d’œil à trois enfants du village. Depuis, de nombreux pèlerins viennent ici pour demander de l’aide.

Même si elle ne vous fait pas de clin d’œil lors de votre visite : la visite de cette église extraordinaire en vaut tout de même la peine !