Notre-Dame de Fraillicourt est une église magnifique, et ce d’autant plus qu’elle était ouverte à notre grande surprise. Elle est probablement la plus ancienne des églises fortifiées des Ardennes. Sa partie la plus spectaculaire est la façade du donjon en pierres de taille et en briques, qui dispose de plusieurs niveaux de différentes époques, que l’on peut « lire » de bas en haut.

La partie inférieure avec portail date du 13e siècle ; au-dessus se succèdent cinq étroites ouvertures verticales – dont quatre sont murées – ; elle se termine par un arc en briques muni d’un mâchicoulis. Celui-ci date du 14e ou du 15e siècle, lorsque le bâtiment a été fortifié.

Le donjon est flanqué de deux échauguettes inachevées (elles ne disposent pas d’ouvertures et ne peuvent donc pas remplir leur fonction première), soutenues de chaque côté par de puissants contreforts en pierre de taille. Un autre se trouve à un angle du transept ; tous sont placés sur des arcs concentriques, ce qui est très esthétique. Une raison quelconque doit cependant avoir interrompu la construction, peut-être un manque d’argent.

Notre-Dame détient un record parmi les églises fortifiées de Thiérache : elle possède au total 17 contreforts répartis tout autour de l’édifice. Une autre tour (de guet) en pierre et en brique est construite à l’angle sud-ouest du chœur.

On entre dans Notre-Dame par le portail en pierre blanche déjà mentionné, qui s’ouvre sur la nef. Avec ses belles colonnes moulurées et finement ouvragées, il trahit sa construction à la fin de l’époque romane ou au début de l’époque gothique, c’est-à-dire entre le 11e et le 13e siècle.

L’intérieur de l’église conserve des fonts baptismaux romans dont la cuve hémisphérique est bordée d’une frise d’arcs en plein cintre sur pilastres aplatis. Un confessionnal du 17ème siècle proviendrait de l’abbaye cistercienne de La Val-Roy.